Former les seniors, un impératif pour les entreprises

Gestion des compétences — GPEC — 07/06/2022

Alors que le report de l’âge légal de la retraite fait débat, l’employabilité des collaborateurs de plus de 50 ans s’impose comme un défi majeur des entreprises. Plusieurs études récentes fournissent des arguments pour continuer à investir sur eux, notamment en formation continue.

Bien des stéréotypes sont attachés aux seniors, notamment leur rapport au travail qui serait distendu, et leur motivation qui serait en berne. Pour résumer, ils rongeraient leur frein avant de profiter d’une retraite bien méritée. Les enquêtes « Engagement Index » et « Impact Index » de ChooseMyCompany, qui concernent 48 000 salariés, dont près de 3 000 âgés de plus de 53 ans, révèlent un tout autre tableau : deux tiers des seniors s’affirment heureux et engagés au niveau professionnel – une progression de quatre points par rapport à 2021. Ils sont encore plus nombreux à trouver du sens à leur travail.

Des soft skills clés, reconnues par les employeurs

Ces enquêtes confirment leur volonté de continuer à s’investir dans leur travail, à condition que celui-ci ne présente pas de caractère de pénibilité. Ce haut niveau d’engagement devrait contribuer à l’augmentation du taux d’emploi des seniors. Il a déjà fortement progressé ces dernières années, passant de 37 % en 2003 à 56 % en 2021, selon la Dares, mais reste largement insuffisant. Le maintien de leur employabilité est d’autant plus important aujourd’hui, dans un contexte de pénurie de talents et de tensions majeures sur le recrutement, dans tous les secteurs d’activité.

Or les seniors se montrent réservés sur leurs perspectives d’évolution personnelle : seuls 50 % des plus de 53 ans interrogés par ChooseMyCompany affirment bien comprendre comment ils peuvent évoluer dans l’entreprise, et ils sont à peine plus nombreux à se sentir reconnus pour leur implication. Pourtant les entreprises, de leur côté, commencent à mieux saisir l’importance de leurs compétences, marquant peut-être un tournant dans l’employabilité des 50 ans et plus. Le cabinet Robert Walters Management de Transition a récemment publié une étude au titre évocateur : « Vers un retour en grâce des seniors ». Pour neuf dirigeants et managers sur dix, l’expérience est leur atout majeur. Les seniors sont aussi reconnus pour leur capacité à travailler en mode projet, leur aptitude à manager ou encore leur volonté de se consacrer à la progression des équipes.

Lever les freins à l’employabilité avec la formation

Ces données illustrent leur valeur ajoutée, mais d’autres enseignements de l’étude révèlent les freins qui limitent leur employabilité : en particulier, des difficultés à collaborer avec les jeunes générations, un manque de flexibilité et d’agilité, et un usage limité des nouvelles technologies et nouveaux modes de travail. Ces limites pourraient être levées avec des formations ad hoc, dédiées à ces compétences comportementales et transverses, pour que leur employeur – et les équipes de travail – tirent le plein bénéfice des nombreux atouts des seniors.

Les entreprises ont également tout intérêt à capitaliser sur l’expérience et le savoir-faire des collaborateurs seniors, en développant les actions de tutorat favorisant la transmission intergénérationnelle. Mémoires vivantes de l’entreprise, dépositaires de sa culture, les plus de 50 ans peuvent devenir d’excellents formateurs. A condition d’être formés à ce rôle qui ne s’improvise pas. Une étude de l’Apec, conduite en 2021, confirme que cette dynamique de transmission n’est pas généralisée, loin de là. Un quart des cadres seniors déclare consacrer une part importante de leur activité à la transmission de leurs savoirs, avec un pic à 30 % pour ceux âgés de 60 ans ou plus. Ils sont aussi nombreux à vouloir consacrer plus de temps à ce rôle de tuteur. En revanche, pour un autre quart, cette mission est totalement absente de leur quotidien. Certains employeurs se privent donc d’une vraie valeur ajoutée, qui contribuerait au développement de nombreux collaborateurs.

A l’avenir, des dispositifs pour préparer la seconde partie de carrière

Qu’il s’agisse de combler des manques dans le portefeuille de compétences ou de former pour apprendre à former, les entreprises gagneraient à continuer à investir dans leurs collaborateurs seniors. Des dispositifs dédiés pourraient y contribuer à l’avenir, comme ceux recommandés par la mission sur le maintien en emploi des seniors. Le rapport remis au gouvernement début 2020 propose notamment de mettre en place un bilan de compétences dédié aux « salariés expérimentés ». Cette modalité serait accompagnée d’un entretien professionnel, tous les deux ans, pour préparer la seconde partie de carrière. De quoi ancrer durablement le développement des compétences des seniors dans les pratiques organisationnelles.

Jérôme Lesage
Le blog de la formation

Quel est le rapport au travail des seniors ?

Contrairement à certains préjugés tenaces, les plus de 50 ans restent des collaborateurs très investis. Si la pénibilité associée à certains postes doit, à leurs yeux, être prise en compte par leur employeur, deux tiers de seniors s’estiment fortement engagés. Ils sont également très nombreux à trouver du sens au travail.


Quels sont leurs atouts pour les employeurs ?

D’après une récente étude menée par Robert Walters Management de Transition, les dirigeants d’entreprise reconnaissent la capacité des seniors à travailler en mode projet, leur potentiel pour manager et leur volonté de se consacrer à la montée en compétences de leurs collègues.


Pourquoi est-il important de former les seniors ?

La formation peut permettre de lever les freins limitant le maintien de leur employabilité – difficultés à collaborer avec les Millenials, manque de flexibilité et d’agilité, usage limité des nouvelles technologies... Par ailleurs nombre de seniors souhaitent transmettre leurs savoir-faire, ce qui nécessite de les former au rôle de tuteur.