QVT – santé et prévention – 14/03/2023
Débats sur la pénibilité au travail et l’usure professionnelle, essor du nombre de salariés en burnout… Jamais la santé des salariés n’a été autant sur le devant de la scène, appelant des réponses fortes et structurées de la part de la DRH. C’est notamment le cas des risques psychosociaux : près d’un collaborateur sur deux est concerné par l’altération de sa santé mentale.
Le constat est alarmant : début 2023, la santé mentale des salariés demeure très dégradée avec 44 % d’entre eux exposés à la détresse psychologique (+ trois points par rapport à juin 2002) et deux millions de personnes en burnout sévère, un nombre deux fois supérieur à 2020. Par ailleurs, trois salariés sur quatre estiment que leur état de santé psychologique est lié en tout ou partie au travail.
Ces résultats, ceux de la 11ème vague du baromètre réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, confirment la persistance de l’altération de la santé psychologique des Français. Confrontés à une actualité très anxiogène depuis trois ans – crise sanitaire et confinements, inflation galopante, débats sur les retraites –, les actifs voient donc leur bien-être mental durablement affecté.
Or, comme l’analysent Christophe Nguyen, président du cabinet spécialisé dans les RPS (risques psychosociaux) et la QVT, et Jean-Pierre Brun, son co-fondateur, « des actions de prévention manquent toujours malgré l’ampleur du phénomène. Les conséquences sur l’absentéisme, les arrêts maladie, le turnover ou le rapport dégradé au travail continueront certainement à être observées dans les prochains mois tant que des actions de fond ne seront pas menées. Cette étude cherche à montrer qu’investir dans la santé sécurité psychologique au travail peut aider à résoudre les problèmes que rencontrent de nombreuses organisations aujourd’hui. »
Le baromètre livre également plusieurs enseignements pour orienter une véritable politique de prévention des troubles mentaux et de la souffrance psychologique : la situation est à peu près similaire quelle que soit l’organisation du travail – présentiel, télétravail ou hybride ; en revanche certaines catégories sont plus touchées par la dégradation de la santé mentale, notamment les managers, les jeunes et les femmes. En creux, plusieurs attentes et frustrations s’expriment, éclairant un phénomène auquel elles contribuent : une demande forte, en particulier des jeunes, d’évolution des normes managériales ; une recherche de plus de sens au travail, pour sept salariés sur dix ; dans le même temps, les actifs estiment avoir moins de tolérance au stress professionnel
Les employeurs en font-ils assez en matière de prévention ? Sans doute pas : seuls quatre salariés sur dix indiquent qu’il existe un plan d’actions pour prévenir les RPS dans leur entreprise ; plus largement, l’immense majorité (neuf salariés sur dix) considèrent que les employeurs pourraient en faire plus sur le sujet des troubles mentaux, avec des mesures plus ambitieuses.
Quelles réponses peuvent être apportées par la DRH, et en particulier le service formation ? Il est bien sûr possible de dispenser des programmes dédiés à la gestion du stress, mais ce n’est pas suffisant. Il s’agit de s’attaquer aux causes du problème, pas seulement aux symptômes. La formation doit avant tout être dédiée aux managers de terrain, pour leur fournir des outils et ressources dans plusieurs directions : évolution de leur posture vers un management bienveillant ; capacité d’écoute des collaborateurs, mais aussi d’identification de situations critiques et de remontée des risques à la DRH. Les responsables formation sont également attendus pour définir des actions de sensibilisation et de pédagogie en direction de l’ensemble des collaborateurs, avec l’objectif de mettre en place et de faire vivre une culture de la prévention.
Une prévention qui doit embrasser aussi bien la santé mentale que physique, pour couvrir l’ensemble des risques associés aux situations de travail. Il existe aujourd’hui des dispositifs qui méritent d’être davantage mobilisés dans cette optique. C’est par exemple le cas du compte professionnel de prévention, C2P. Créé en 2015, il permet de cumuler des points pour chaque année d’exposition à un ou plusieurs critères de pénibilité – gestes répétitifs, environnement bruyant, travail de nuit, etc. Or très peu de salariés l’ont mobilisé (environ 12 000) depuis sa création, généralement pour un départ anticipé à la retraite. Pourtant d’autres usages sont possibles, comme un objectif de reconversion professionnelle.
Aujourd’hui les organisations ne peuvent plus faire l’impasse d’une approche à 360° de la santé au travail, dans toutes ses dimensions, pour mettre en place une politique de prévention aux multiples bénéfices – diminution du turnover et de l’absentéisme, renforcement de l’engagement des collaborateurs... Avec le concours étroit de la direction générale, du CSE, des managers et de la DRH.
Jérôme Lesage
Le blog de la formation
Quel est l’état actuel de la santé psychologique des actifs français ?
Depuis trois ans, le baromètre d’Empreinte Humaine met en évidence une dégradation de la santé mentale dans les entreprises, qui concerne aujourd’hui 44 % des salariés. Les managers, les jeunes et les femmes seraient plus particulièrement touchés.
Comment les employeurs peuvent-ils répondre à cette problématique ?
D’après les résultats du baromètre, les entreprises ne mettent pas suffisamment l’accent sur la prévention des RPS. Plusieurs pistes d’action sont à leur disposition, notamment former les managers à l’écoute des collaborateurs et à l’identification des situations à risque.
De quelle manière les organisations peuvent-elles aller plus loin ?
Dans le contexte actuel de débat sur la réforme des retraites, la pénibilité, l’usure professionnelle et la santé mentale peuvent s’inscrire dans une même politique structurée de prévention au travail. Un enjeu de performance sociale et économique, auquel la direction générale, le CSE, les managers et la DRH doivent pleinement contribuer.
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