Gestion des compétences — GPEC
Confiants dans leur avenir, les Français sont prêts à adapter leurs compétences à l’évolution de leur métier, voire à se reconvertir. La formation professionnelle présente donc un intérêt majeur à leurs yeux, comme le révèle la 3e édition du baromètre de la formation et de l’emploi de Centre Inffo.
En début d’année, 1 600 actifs ont été interrogés par Centre Inffo pour partager leur regard à la fois sur leur carrière et sur la formation professionnelle, dans le contexte particulier qu’ils vivent depuis deux ans. En France, la crise sanitaire n’a pas réellement entamé la confiance qu’ils placent dans leur avenir professionnel – 69 %, contre 75 % il y a deux ans –, tout en ayant parfaitement conscience de l’importance de faire évoluer leurs compétences. S’ils étaient un tiers à estimer que leur métier se transforme très vite, ils sont désormais 42 % à en être convaincus.
Le spectre de la « grande démission » plane sur les entreprises : un salarié sur deux envisage de changer d’employeur, tandis qu’un sur cinq prépare une reconversion – bien souvent des jeunes, pourtant à peine entrés sur le marché du travail. Ces aspirants au changement souhaitent occuper un emploi plus proche de leurs valeurs, être utiles, exercer une profession avec du sens. Ils se placent dans une logique de reconversion-épanouissement, bien plus que d’une reconversion contrainte pour protéger leur employabilité. Si les métiers de bouche, de l’accueil, du médical et les professions informatiques sont les plus recherchés, l’entrepreneuriat a également le vent en poupe. Par ailleurs deux tiers des personnes en reconversion suivent ou ont suivi une formation spécifique.
Les actifs sont aussi de plus en plus nombreux à se considérer comme les principaux acteurs de leurs choix de carrière : huit sur dix en 2022, contre moins de deux tiers deux ans plus tôt. Les acteurs les plus importants, mais pas les seuls : viennent ensuite les organismes de formation, puis les employeurs et les managers. Le sentiment ne pas être isolé pour prendre des décisions éclairées est donc largement partagé, manifestant aussi un bon niveau de connaissance du rôle des parties prenantes, organismes de formation en tête. D’ailleurs près d’un actif sur deux souhaite suivre une action de formation cette année. Quant à la moitié qui ne l’envisage pas, deux motifs principaux sont avancés, le manque de temps et le fait de n’avoir pas trouvé une offre correspondant aux attentes.
Ce résultat doit interpeler les employeurs sur la nécessité de proposer un catalogue adapté aussi bien à la stratégie et au contexte de l’entreprise qu’aux besoins réels de chaque collaborateur. Il mérite également d’inciter les organismes à renforcer les démarches de transformation de l’offre de formation, avec des formats innovants. Pour Patrice Guézou, directeur général de Centre Inffo,, « l’intérêt croissant des actifs à l’endroit de leur patrimoine de compétences est une excellente nouvelle. Il relève à la fois d’un engagement personnel et de l’identification des acteurs susceptibles de les appuyer, de manière complémentaire, dans la construction du parcours. »
Le niveau d’information relatif aux dispositifs de formation professionnelle est en constante progression, concernant aujourd’hui un actif sur deux. 92 % des personnes interrogées connaissent le CPF (compte personnel de formation), le remplaçant du DIF (droit individuel à la formation). La notoriété de cette mesure-phare de la loi « Avenir professionnel » augmente de sept points en un an, et la moitié des actifs connaissent le montant de leurs droits CPF. L’apprentissage, le bilan de compétences et la VAE sont également bien identifiés, tandis que le projet de transition professionnelle est de mieux en mieux connu. Sur la dimension « accompagnement », en revanche, les avis sont mitigés : plus d’un actif sur deux l’estime insuffisant. Et parmi ceux qui ont mobilisé le CEP (conseil en évolution professionnelle), à peine un sur deux en est satisfait.
Malgré ce résultat en demi-teinte, l’image de la formation professionnelle est globalement excellente. Au-delà d’un droit, elle est considérée comme une opportunité de faire son métier différemment (89 %), une chance pour évoluer (88 %), une manière de prendre du recul ou une nécessité pour conserver son employabilité. Elle est aussi vue comme un levier d’épanouissement, d’ouverture et d’adaptation.
Les responsables de formation ont donc une carte à jouer pour favoriser le développement des compétences des collaborateurs, dès la prise de poste. En dégageant du temps sur la partie « gestion » grâce à la digitalisation et l’automatisation de processus chronophages, ils peuvent réellement se positionner en conseil interne. Une manière aussi de contribuer au bien-être des salariés, plus que jamais nécessaire après deux ans de pandémie de Covid-19.
Jérôme Lesage
Le blog de la formation
En quoi la crise sanitaire a-t-elle impacté la confiance des actifs dans leur avenir professionnel ?
Loin du repli sur soi, ils ont parfaitement conscience que leur métier va fortement évoluer, appelant de l’adaptation de compétences. Une personne interrogée par Centre Inffo sur deux a pour projet de changer d’emploi, et une sur cinq s’engage sur le chemin de la reconversion, avec l’optique de donner à sa vie professionnelle un cap porteur de sens, d’utilité et de réalisation de soi.
Quelle est leur perception des acteurs de la formation professionnelle ?
Aux yeux des actifs, ils sont le principal acteur de leur développement professionnel. Ils accordent aussi une place de choix aux organismes de formation, aux employeurs et aux managers. La formation est plébiscitée et l’appétence pour elle reste à un haut niveau, mais certains déplorent le manque de temps ou d’adéquation de l’offre avec leurs besoins. Un défi majeur pour les organismes.
Quel est leur niveau de connaissance des différents dispositifs ?
CPF, apprentissage, bilan de compétences et VAE bénéficient en 2022 d’une forte notoriété, et sont donc bien ancrés dans l’esprit des actifs. Ces derniers sont moyennement convaincus par l’accompagnement proposé par les pouvoirs publics, à l’image du CEP. C’est donc un point d’attention majeur, que les organismes de formation et les employeurs pourraient prendre en charge pour faciliter la réflexion et les démarches des actifs. Il reste que la formation professionnelle est très bien considérée par les actifs français, qui la jugent clé pour adapter leurs compétences et conserver la main sur leur carrière.
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