Quelles perspectives de formation avec le métavers ?
Gestion des talents – innovation – 21/03/2023
Inspirés des jeux vidéo, ces univers virtuels représentent une possibilité d’immersion pour découvrir, échanger, collaborer, tester ses savoir-faire et monter en compétences. De nouvelles technologies dont les usages prometteurs intéressent déjà les entreprises et en particulier les professionnels RH, ouvrant la voie à de premières expérimentations et retours d’expérience.
Pour les Français, métavers et monde du travail n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre. D’après un sondage Ifop-Talan, centré sur les perceptions, craintes et attentes de la population française vis-à-vis de cette technologie, les usages perçus restent principalement centrés sur le divertissement. La diversité des débouchés possibles n’est donc pas encore pleinement envisagée. Sans parler du fait qu’un Français sur cinq juge même le métavers totalement inutile…
Comme pour toute innovation, enthousiasme et méfiance cohabitent quand on parle de métavers (ou « metaverse », en anglais). Ce qui n’empêche pas les entreprises de s’engager dans des démarches de test, notamment pour réaliser des entretiens d’embauche – une approche utile alors que le recrutement s’affranchit de plus en plus des contraintes géographiques. Une autre illustration concerne le parcours d’intégration, avec l’intention de faire découvrir les différentes entités de l’entreprise ou de favoriser les échanges informels.
La mobilité fonctionnelle et les reconversions représentent un autre axe RH pour lequel le métavers se révèle utile. Comme l’explique Philippe Cassoulat, DG du groupe Talan et président de l’Observatoire des métavers, « il est très facile dans un métavers de permettre à une personne de se confronter à un métier vers lequel elle souhaiterait évoluer avant de prendre sa décision. L’effet immersif reconnu rend beaucoup plus palpable cette expérience. Cela nécessitera de mettre en place des dispositifs narratifs, de permettre l’intégration des savoir-faire, des interactions avec les spécialistes métier. »
Un format pédagogique intégré dans un parcours multimodal
Cet exemple illustre le potentiel du métavers, que les responsables formation ont intérêt à explorer aujourd’hui. La technologie dépasse les limites de la réalité virtuelle ou augmentée en offrant un lieu dans lequel plusieurs personnes peuvent se déplacer et interagir de manière fluide. L’action de formation peut alors s’adresser à des collaborateurs géographiquement éloignés. En termes d’usage, les premières expérimentations mettent en évidence la pertinence du métavers pour collaborer, par exemple autour d’une problématique commune, dans une logique de project-based learning. La dimension immersive permet également de développer des savoir-faire et savoir-être en situation de travail, par exemple pour apprendre à interagir avec un client, à maîtriser des règles de sécurité ou à gérer une situation conflictuelle.
Mobilisable de manière indépendante, le métavers peut également être une modalité d’un parcours complet au service d’une montée en compétences. Par exemple, une formation technique va se composer de sessions présentielles, pour découvrir les fondamentaux, de modules en e-learning pour tester ses acquis, et l’immersion dans un univers fictif pour les mettre en pratique.
Un changement de posture du formateur
La conception de parcours pédagogiques exploitant le potentiel du métavers n’est pas le seul défi qui attend les responsables formation. Il va également s’agir de redéfinir le rôle du formateur dans les environnements virtuels : d’abord, par l’accompagnement des stagiaires dans la découverte de l’avatar et de l’espace ; ensuite, pour adapter l’animation proprement dite, notamment celle des échanges entre participants et de l’apprentissage dans les différentes parties de cet espace.
Pour Fabienne Bouchut, cheffe de projets d’innovation chez Cegos, le formateur va également jouer un rôle dans la conception pédagogique : « Il devra prendre en considération la possibilité de se déplacer, de dialoguer en 3D, de prendre en main des objets, d’utiliser des espaces porteurs de sens, tout en veillant à ce que la surcharge cognitive des apprenants ne soit pas un obstacle à l’apprentissage ».
Dans l’entreprise, le champ des possibles ouvert par le métavers n’en est sans doute qu’à ses débuts. Les DRH et services formation sont en première ligne pour explorer les différents usages possibles, dans une logique de « test and learn », et réussir à convaincre les salariés que cette nouvelle technologie peut avoir un intérêt, au-delà du divertissement…
Jérôme Lesage
Le blog de la formation
En quoi le métavers peut-il intéresser le monde du travail et la DRH ?
En formation professionnelle, les premières expérimentations basée sur un environnement virtuel privilégient trois directions : la réalisation d’entretiens de recrutement avec des candidats éloignés géographiquement ; le parcours d’onboarding, pour faciliter la découverte des différents sites et business units de l’entreprise ; et la découverte d’un autre métier, dans le cadre d’une mobilité fonctionnelle ou d’une reconversion.
Comment les responsables formation peuvent-ils s’emparer de cette technologie ?
La distance géographique des participants n’est plus un problème avec le métavers, qui se révèle particulièrement prometteur pour échanger et collaborer, apprendre des autres et avec les autres, mais aussi pour tester ses savoir-faire et savoir-être en toute sécurité, dans un espace simulant l’environnement professionnel des apprenants.
Quels enjeux restent à relever pour favoriser le déploiement du métavers en formation ?
A l’image de la réalité virtuelle ou augmentée, dont le métavers représente un prolongement, il reste à explorer d’autres usages pour évaluer la pertinence de cette technologie. Un autre point d’attention concerne le changement de posture et de missions du formateur, à adapter aux spécificités de l’immersive learning.