Comment intégrer l’IA dans le quotidien des collaborateurs

Gestion des compétences — GPEC – 04/07/2023

Entre fascination et inquiétude, renouvelant le fantasme du remplacement de l’Homme par la machine, l’intelligence artificielle va progressivement s’inviter dans de nombreux métiers et transformer les pratiques professionnelles. L’enjeu, pour le service RH et le responsable formation : accompagner ce changement pour faire de l’IA l’alliée des salariés.

Dans un futur proche, 300 millions d’emplois à temps plein pourraient être supprimés dans le monde à cause de l’IA, si l’on en croit une note d’analyse de Goldman Sachs. D’après les projections du cabinet, résumées par Cadremploi, les professions administratives et juridiques seraient particulièrement concernées aux Etats-Unis, avec des suppressions de près d’un poste sur deux. Les fonctions de cadre, les professions qualifiées et les fonctions support seraient les plus impactées en Europe. Une douche froide heureusement nuancée par la suite de l’analyse, qui fait état du remplacement de 7 % des emplois américains par l’IA, tandis que 63 % seraient complétés par le recours à l’intelligence artificielle.

Cette dimension de complémentarité, avec l’IA prenant en charge une partie des tâches, se retrouve dans une autre étude américaine : ses projections avancent une proportion de 80 % de la main-d’œuvre dont au moins 10 % des activités seraient affectées par l’intelligence artificielle générative (comme ChatGPT). 

Une perception mitigée de l’impact positif de l’IA

Quid de la France ? Les dirigeants d’entreprise et les collaborateurs semblent plus mitigés vis-à-vis de l’IA qu’opposés par principe, d’après une étude conduite par le fournisseur de solutions IT RingCentral. Par exemple, seuls quatre dirigeants sur dix voient dans cette technologie un moyen de faciliter leur travail et de gagner du temps. Chez les collaborateurs, l’enthousiasme se manifeste surtout du côté des jeunes générations : 51 % des 21-34 ans estiment que l’IA aura un impact positif sur leur travail.
 
Face à ce futur incertain, la seule certitude est que l’intelligence artificielle et ses algorithmes viendront bien mettre leur grain de sel dans de nombreuses professions. Les entreprises doivent donc s’y préparer, même si cela signifie avancer à tâtons, avec le concours du service RH. Certains acteurs du numérique commencent à s’y engager, à l’image d’Elevate : cette agence spécialisée en data marketing a récemment organisé un hackathon d’une journée avec les départements recrutement, marketing et commercial, afin de réfléchir aux impacts possibles de l’IA sur leurs métiers, et à la façon de l’exploiter pour libérer du temps à consacrer à des missions à haute valeur ajoutée.

Communication, formation et évaluation pour favoriser le changement

Pour Marjorie Di Placido, experte Future of Work au lab Tous Nomades & Cie, il est essentiel d’accompagner ce changement de prisme, notamment par de la formation, afin d’accompagner la montée en compétences et l’évolution des pratiques. Dans une récente tribune, elle livre cinq recommandations, que la DRH et le responsable formation peuvent appliquer :

● L’importance de communiquer sur les raisons ayant incité l’entreprise à intégrer l’IA dans les process métiers, et sur les avantages attendus pour aider les collaborateurs à mieux accomplir leur travail ;

● La formation des équipes concernées par cette transformation de leurs activités, en misant notamment sur des contenus en self-service et adaptés à tous les besoins ;

● La mise en place de groupes de travail associant différentes fonctions, dédiés à la mise en place des outils d’IA, afin de s’assurer qu’ils répondront aux besoins de chaque métier et de chaque collaborateur ;

● L’accompagnement au quotidien, grâce à un service support ou un référent, en capacité de répondre aux questions des salariés et de résoudre les éventuelles difficultés rencontrées lors de l’appropriation de l’IA ;

● L’évaluation des outils afin de s’assurer que l’impact attendu est bel et bien au rendez-vous, mais aussi pour identifier des axes de progrès et les mettre en œuvre.

« Intégrer les IA aux outils de travail des salariés doit donc être accompagné de bonnes pratiques internes, insiste Marjorie Di Placido. Ces étapes permettront de rendre l’expérience fluide et agréable pour tous, tout en garantissant une utilisation responsable et éthique des IA. En procédant ainsi, les salariés seront plus rassurés et comprendront en quoi leur contribution restera essentielle pour le développement de l’entreprise. » 

Jérôme Lesage
Le blog de la formation

Quelles peuvent être les conséquences de l’IA sur la transformation des métiers ?

D’après plusieurs projections américaines, une petite proportion serait amenée à disparaître, tandis que la grande majorité des jobs serait complétée par le recours à l’intelligence artificielle. En particulier, les métiers administratifs et juridiques, les fonctions support et l’encadrement. 


Comment les dirigeants et salariés français perçoivent-ils l’impact de l’IA ?

Certains sont plus enthousiastes que d’autres, avec notamment quatre dirigeants sur dix qui anticipent des gains de temps et des missions facilitées. Du côté des collaborateurs, les jeunes sont les plus optimistes, avec la moitié des moins de 35 ans qui anticipent un impact positif sur leur métier.


De quelle manière la DRH et le responsable formation peuvent-ils accompagner cette dynamique ?

D’après une experte en prospective du travail, plusieurs actions ont intérêt à être menées : d’abord, de la communication, puis de la formation, avant de mettre en place des groupes de travail pour faciliter l’intégration de l’IA. Un service support pour aider les collaborateurs au quotidien, puis une évaluation des impacts réels, sont également recommandés.