Réforme Formation Professionnelle : 2025, une année de transition

Gestion de la formation - 24/04/2025

réforme de la formation professionnelle

Alors que la formation professionnelle n’a cessé de se transformer au cours des cinq dernières décennies, les contraintes budgétaires sur le secteur de la formation professionnelle et les nouvelles exigences imposées par l’IA Act font de l’année 2025 une année charnière. Quelles évolutions ce secteur a-t-il connues depuis la loi sur la formation professionnelle continue de 1971, et surtout, à quelle réforme de la formation faut-il s’attendre pour cette année charnière 2025 ? Faisons le point ensemble.

 

 

Petit retour sur l’histoire de la réforme de la formation professionnelle

 

Depuis près de 50 ans, la formation professionnelle a connu de nombreuses réformes. Petit tour d’horizon de ces évolutions.

 

1971 : naissance d’un droit à la formation structuré 

 

Souvent considérés comme les textes fondateurs du système français de formation, l’Accord National Interprofessionnel du 9 juillet 1970 et la loi du 16 juillet 1971, connue sous le nom de loi Delors, ont véritablement structuré le domaine de la formation.

 

L’ANI de juillet 1970 intègre la formation professionnelle continue dans le Code du travail et instaure un congé individuel de formation pour les salariés.

 

La loi de 1971, quant à elle, formalise ce droit et impose aux entreprises comptant au moins 10 salariés de contribuer au financement de la formation, en instaurant une participation obligatoire au titre des actions de développement des compétences.

 

2004 : une nouvelle ère avec la formation tout au long de la vie 

 

En 2003, une nouvelle orientation est donnée au système de formation avec l’intégration du concept de formation tout au long de la vie dans le Code du travail.

 

L'objectif est de bâtir un dispositif qui réponde aux attentes, non seulement des salariés, mais aussi des demandeurs d'emploi, afin de garantir un accès facilité à la formation tout au long du parcours professionnel.

 

Les partenaires sociaux souhaitent placer les salariés au cœur de leur évolution de carrière, en développant de nouveaux outils et modalités d'accès à la formation. Ils cherchent aussi à réduire les inégalités en matière d'accès à ces dispositifs.

 

La loi de 2004 sur la formation professionnelle et le dialogue social introduit notamment quatre dispositifs clé :

  • le Droit Individuel à la Formation (DIF)

  • l’Allocation Formation pour les formations hors temps de travail

  • le contrat de professionnalisation

  • la période de professionnalisation.

 

2009 : renforcer l’orientation et sécuriser les parcours 

 

En 2009, la volonté affichée est de faire de la formation continue un véritable levier de gestion des ressources humaines et de la planification des emplois et des compétences.

 

L’accord national interprofessionnel (ANI) du 5 octobre 2009, portant sur la modernisation du marché du travail, met l’accent sur le développement de la formation tout au long de la vie, la montée en compétences et la sécurisation des parcours professionnels.

 

La loi introduit plusieurs nouveautés, dont :

  • un droit renforcé à l’orientation avec la création du Service Public de l’Orientation (SPO)

  • le dispositif de Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE) pour les demandeurs d'emploi

  • ainsi que le Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels (FPSPP).

Elle consolide également le Droit Individuel à la Formation (DIF) en le rendant transférable d’une entreprise à une autre.

 

2014 : rendre la formation plus accessible

 

Cette loi a pour ambition de faciliter l’accès à la formation professionnelle en rendant son financement plus clair et plus efficace, en responsabilisant davantage les acteurs concernés et en facilitant l'accès à la formation.

 

Elle introduit notamment :

  • le Compte Personnel de Formation (CPF), universel, qui remplace le DIF à partir de 2015. Ce compte est réservé aux formations certifiantes sélectionnées par les partenaires sociaux.

  • le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP)

  • la contribution unique des entreprises, collectée par les OPCA

  • l’Entretien Professionnel (EP)

  • la notion de qualité de la formation, exigeant des financeurs de vérifier que les organismes de formation qu’ils soutiennent sont capables de délivrer des prestations de qualité.

 

2016 : la loi Travail

 

La loi Travail intègre un volet important consacré à la formation, qui vient compléter certaines dispositions de la loi du 5 mars 2014. Ce volet comprend :

  • la mise en place du Compte Personnel d’Activité (CPA), qui regroupe initialement trois comptes : le CPF (ouvert aux travailleurs indépendants depuis le 1er janvier 2018), le Compte Professionnel de Prévention (C2P) et le Compte d’Engagement Citoyen (CEC),

  • la consolidation du Conseil en Évolution Professionnelle (CEP).

  • des mesures d’assouplissement pour l’alternance, la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) et des possibilités d’adapter les formations.

 

2018 : cap sur l’autonomie des actifs et la réforme du système de formation

 

Cette réforme de la formation professionnelle s’articule autour de deux grands objectifs offrir de nouveaux droits individuels pour permettre à chacun de piloter sa trajectoire professionnelle tout au long de sa vie et inciter les entreprises à investir davantage dans le développement des compétences de leurs employés.

 

Elle comprend :

  • une refonte de la formation professionnelle, pour garantir à tous l’accès à de nouveaux droits à la qualification

  • une réforme de l’apprentissage

  • une réforme de l’assurance chômage, afin de renforcer la sécurité des parcours professionnels.

Promulguée le 5 septembre 2018, la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » transfère la compétence générale de l’apprentissage des régions vers l’État et remplace le financement par subventions par un financement basé sur le contrat.

 

Elle transforme également les Opca en Opco, qui prennent en charge la gestion des contrats d’apprentissage, et crée France compétences, l'organisme chargé de piloter le nouveau système, notamment le financement et la certification qualité Qualiopi, désormais applicable aux Centres de Formation d’Apprentis (CFA).

 

Les 5 défis opérationnels des responsables formation

 

2025 : une nouvelle phase de « réforme » de la formation professionnelle

 

En 2025, la formation professionnelle connaît un véritable tournant. D’une part, les contraintes budgétaires exigent une meilleure gestion des ressources, avec un déficit de France compétences réduit à 450 millions d’euros. D’autre part, la transformation des métiers et l’évolution des attentes des apprenants encouragent à innover.

 

D’après Centre Inffo, 70 % des salariés souhaitent faire évoluer leur parcours professionnel. Leur objectif dépasse la simple actualisation des compétences : ils aspirent à une réelle mobilité, que ce soit au sein de leur entreprise ou vers de nouveaux horizons.

 

Ce mouvement s’accompagne d’une modernisation des formats de formation et d’une intégration renforcée des technologies. Autant d’éléments qui accentuent encore le rôle d’accompagnant du responsable de Formation au sein des entreprises qui doit ainsi se libérer de la gestion administrative des formations.

 

Entre restriction budgétaire…

 

France compétences prévoit de limiter son déficit à 466 millions d’euros en 2025, bien en dessous du seuil du milliard. Pour compenser la baisse des financements publics, les entreprises devront augmenter leurs contributions.

 

Un nouveau décret en préparation devrait assouplir les règles de répartition des fonds par France compétences. Les plafonds et planchers imposés pour l’allocation des contributions des employeurs seront supprimés, tandis que le rôle clé des OPCO dans le financement des formations sera maintenu.

 

Par ailleurs, les budgets dédiés à l’apprentissage seront réduits d’un milliard d’euros par rapport à 2024, tout comme ceux du Compte personnel de formation (CPF).

 

...IA Act

 

L’Union européenne a franchi une étape importante avec l’adoption de l’IA Act par le Parlement le 13 mars 2024. Ce règlement, qui entrera en application entre fin 2025 et 2026, cherche à trouver un équilibre entre innovation technologique et respect des libertés fondamentales. La formation professionnelle figure parmi les huit secteurs identifiés comme « à haut risque ».

 

Trois usages de l’intelligence artificielle dans ce domaine sont directement concernés :

  • Les systèmes de sélection des candidats.

  • Les outils d’évaluation des compétences acquises.

  • Les dispositifs de surveillance lors des examens.

Cette réglementation impose des obligations claires aux acteurs de la formation :

  • Les concepteurs d’IA devront mettre en place une gestion rigoureuse des risques et garantir la cybersécurité des systèmes.

  • Les utilisateurs, de leur côté, devront assurer une supervision humaine compétente.

 

… Tendances de formation...

 

Les tendances participent elles aussi d’une certaine manière aux réformes du secteur de la formation. Ces dernières années, malgré la digitalisation croissante, le présentiel et les approches internes continuent d’être plébiscités.

 

À rebours des anticipations d’une numérisation généralisée, les chiffres 2023 du FNE-Formation confirment la suprématie du présentiel, qui représente 73,3 % des formations dispensées. Le distanciel, quant à lui, n’atteint que 12,4 %, et les formats hybrides plafonnent en deçà de 10 %. Ce panorama illustre la solidité des formats traditionnels, notamment pour les formations techniques et managériales.

 

Dans un contexte de pression sur les budgets, les entreprises renforcent leurs dispositifs internes de formation. Cette internalisation permet non seulement de maîtriser les coûts, mais aussi d’assurer une parfaite cohérence avec leurs priorités stratégiques. Les académies internes s’appuient sur des outils automatisés de cartographie des compétences de type TMS (Training Management System) - c’est-à-dire un logiciel de gestion des formations - pour identifier les besoins et bâtir des parcours sur mesure.

 

Ces parcours combinent plusieurs formats complémentaires :

  • E-learning : pour l’acquisition des bases théoriques,

  • Ateliers en présentiel : pour la mise en pratique,

  • Classes virtuelles : pour favoriser les échanges d’expérience.

Dans la même dynamique, les experts internes sont de plus en plus sollicités, non seulement pour créer, mais aussi pour animer les sessions de formation. Ces collaborateurs, reconnus pour leur maîtrise métier, sont formés aux méthodes pédagogiques et disposent d’outils dédiés à la création de contenus. Au-delà des économies générées par la réduction du recours à des prestataires externes, cette approche met en valeur les expertises internes et inscrit l’apprentissage dans la réalité de l’entreprise. Ces experts deviennent ainsi de véritables ambassadeurs de leur organisation.

 

Par ailleurs, les attentes des jeunes générations, notamment la génération Z, participent activement aux évolutions des formats de formation. Les formats courts, inspirés des réseaux sociaux, gagnent du terrain avec l’émergence du nano-learning : des modules concis, ciblés, et accessibles depuis un mobile. La dimension collective de l’apprentissage évolue également, grâce à la création de communautés internes et à l’utilisation de canaux dédiés sur les plateformes professionnelles.

 

… Et mesures pour accompagner l’évolution professionnelle et les transitions

 

La mise en place d’un service public dédié à la VAE, porté par un groupement d’intérêt public doté d’un budget de 3 millions d’euros pour 2025, témoigne d’une volonté de simplifier le dispositif.

 

Le programme « Transitions collectives » s’impose comme un levier majeur pour accompagner les reconversions professionnelles. Il vise à orienter les salariés exposés à des risques de suppression de poste vers des métiers porteurs à l’échelle locale. Ce dispositif s’appuie sur un maillage territorial renforcé, mobilisant des acteurs comme le CARIF, l’OREF ou encore l’ARACT.

 

Ainsi, à l’horizon 2025, la formation professionnelle connaît une profonde mutation. Porté par des contraintes budgétaires, mais aussi par l’accélération technologique, le secteur évolue vers un modèle hybride. Si la digitalisation progresse, le présentiel reste un pilier essentiel. Les entreprises internalisent leurs dispositifs, les experts métiers jouent un rôle central, et le social learning se développe rapidement.

 

L’entrée en vigueur de l’IA Act bouscule les pratiques, tout en ouvrant de nouvelles perspectives. En définitive, c’est un écosystème de formation plus agile, personnalisé et centré sur les besoins des apprenants qui émerge. Les défis restent nombreux, notamment en matière d’accès équitable à la formation et de réussite des transitions professionnelles dans un monde du travail en perpétuelle évolution.

 

 

Jérôme Lesage PDG de Place de la formation


Jérôme Lesage
Le blog de la formation




 

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1. Comment la formation professionnelle a-t-elle évolué en France depuis les années 1970 ?

 

Depuis 1971, la formation professionnelle en France s’est construite à travers un dialogue étroit entre les partenaires sociaux et l’État, avec des réformes majeures tous les dix à quinze ans. On est passé d’un système centré sur le congé individuel de formation à une approche beaucoup plus large, intégrant la formation tout au long de la vie, la création du Compte Personnel de Formation (CPF) et des dispositifs facilitant l’évolution des parcours professionnels, comme le Conseil en Évolution Professionnelle ou le Compte Personnel d’Activité. L’objectif est resté constant : rendre la formation accessible à tous et accompagner les évolutions du marché du travail.

 

 

2. Quelles sont les grandes priorités pour la formation professionnelle en 2025 ?

 

En 2025, le secteur fait face à deux grands défis : la contrainte budgétaire, avec une réduction des financements publics et un appel accru à la contribution des entreprises, et la nécessité de moderniser les pratiques pour répondre aux attentes de mobilité des salariés. Le retour en force du présentiel, le développement de formations internes et l’essor du social learning illustrent cette adaptation. Les entreprises investissent dans des parcours sur mesure, en combinant e-learning, ateliers pratiques et interventions d’experts internes pour maîtriser les coûts tout en valorisant les compétences maison.

 

 

3. Quel impact le nouveau règlement européen sur l’IA (IA Act) aura-t-il sur la formation professionnelle ?

 

Le secteur de la formation est directement concerné par l’IA Act, car il est classé comme domaine à « haut risque ». Cela signifie que les outils utilisant l’IA — pour la sélection des candidats, l’évaluation des compétences ou encore la surveillance des examens — devront respecter des normes strictes de cybersécurité et de supervision humaine. Les concepteurs d’IA devront gérer rigoureusement les risques, tandis que les utilisateurs devront assurer un contrôle humain qualifié pour garantir l’éthique et la fiabilité des systèmes.

 

 



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