Responsable formation, un métier en transition ?
Responsables formation – évolution du métier — 09/05/2023
Stratégie, direction, expertise, architecte, passeur : le responsable formation d’aujourd’hui est attendu pour adopter ces cinq dimensions, dans sa posture comme dans ses missions. C’est ce qui ressort de l’analyse de 14 experts, qui partagent leurs perceptions sur l’évolution du métier dans une brochure éditée par Centre Inffo – dans le prolongement de la dernière Université d’hiver de la formation professionnelle.
Le constat est désormais bien connu : la multiplication et l’accélération des changements qui touchent les entreprises appellent une stratégie RH à la hauteur de ces enjeux. Il s’agit notamment de répondre aux grandes transitions déjà engagées – numérique, environnementale, industrielle, etc. –, qui ont un impact de plus en plus marqué sur les compétences et l’emploi. Attendu pour relever ces défis, le responsable formation ne doit-il pas évoluer ? Son métier n’est-il pas, lui aussi, en transition ?
Ces interrogations ont servi de fil rouge à la démarche des étudiants de l’Executive Master « management de la formation » (EMMF) de l’université Dauphine-PSL : solliciter 14 experts pour partager leur vision et leur expérience, lors de la 18e Université d’hiver de la formation professionnelle (UHFP) et d’un colloque organisé début avril 2023. Leurs réflexions, que l’on peut retrouver dans la brochure gratuite « Responsable formation : regards croisés sur un métier en mutation », ont débouché sur l’identification de trois évolutions majeures dans le métier de responsable formation.
Un contexte mouvant, appelant de nouvelles réponses
D’abord, sur son champ d’expertise : la compétence et l’apprenant sont désormais au centre de la fonction formation – des conséquences de la réforme de 2018, qui place l’actif au cœur de son parcours de développement, et de la transformation des métiers. Ensuite, une interdépendance croissante de l’entreprise et de son environnement, « appelant à adopter une approche systémique afin de mieux appréhender les transitions professionnelles et sociétales », au bénéfice de l’organisation et des salariés. Enfin, des tensions et des arbitrages économiques à prendre en compte, impliquant la mise en place d’indicateurs d’impact de la formation pour optimiser le budget.
Pour les experts, ces évolutions vont prendre une importance croissante dans le périmètre des missions et le rôle du responsable formation, nécessitant une certaine dose d’adaptation de son métier. Cinq tendances principales ressortent des propositions qu’ils ont formulées :
• la dimension stratégique : « axée sur l’anticipation, la construction et l’accompagnement d’une vision » ;
• la dimension de direction : « axée sur la responsabilité, la capacité à arbitrer sur les
moyens à mettre en œuvre pour répondre aux besoins de manière efficiente » ;
• la dimension d’expertise : « axée sur l’adéquation du métier visé - compétences requises » ;
• la dimension d’architecte : « axée sur la capacité à concevoir des dispositifs dans lesquels se rencontrent des demandes diverses » ;
• et la dimension de passeur : « axée sur la médiation entre les acteurs, les niveaux d’organisation et les enjeux ».
Trois scénarios qui dessinent l’avenir du responsable formation
Finalement, c’est une multitude de rôles que le responsable formation doit embrasser : à la fois gestionnaire de données de formation, stratège au service du développement des compétences, cheville ouvrière des parcours de formation, etc. Par exemple, pour Margaux Gillouard, responsable du développement des compétences à Idex, la fonction implique aussi d’élargir ses collaborations, notamment avec les branches professionnelles, pour élaborer des solutions communes aux entreprises – à l’image des POEC (préparations opérationnelles à l’emploi collectives).
Autre exemple des contributions d’experts rassemblées dans la brochure : d’après une étude prospective en cours par deux chercheurs, Aline Scouarnec et Franck Brillet, les évolutions du métier pourraient suivre trois scénarios : « un monde souhaité, un monde augmenté, un monde redouté ». Dans le premier cas, le responsable formation peut être un « développeur transformateur d’une organisation apprenante » ou « un accompagnateur des parcours de développement des compétences » ; dans le deuxième scénario, un « geek innovateur de solutions digitales » ou un « data analyst, contrôleur de gestion du développement des compétences » ; dans le dernier, un « logisticien/administratif des process de gestion » ou un « expert juridique/de la conformité ».
L’avenir, à court et moyen termes, nous dira lequel, ou lesquels, se confirmeront…
Jérôme Lesage
Le blog de la formation
Pourquoi le métier de responsable formation est-il amené à évoluer ?
Le monde de l’entreprise connaît aujourd’hui de profonds bouleversements, internes comme externes, marqués notamment par de multiples transitions (écologique, numérique, etc.). Des enjeux appelant une adaptation accélérée des compétences, avec le concours direct de la fonction ressources humaines – et du responsable formation en particulier.
Quelles sont les principales transformations déjà engagées ?
Les experts interrogés par les étudiants de l’Executive Master « management de la formation » (EMMF) de l’université Dauphine-PSL en évoquent trois : la priorité donnée désormais à la compétence et à l’apprenant, notamment dans le cadre du plan de formation ; les relations d’interdépendance entre l’entreprise et son environnement, nécessitant de mieux identifier les transitions en cours et leurs impacts ; et les tensions économiques qui pèsent sur les entreprises, impliquant d’évaluer les retombées de l’investissement en formation.
En quoi la posture et les missions du responsable formation vont-elles changer ?
Cinq dimensions vont de plus en plus caractériser le métier d’après les experts : stratégique, de direction, d’expertise, d’architecte, de passeur – avec pour corollaire le développement de compétences ad hoc. Des chercheurs ont également défini plusieurs scénarios d’évolution de la fonction, entre accompagnement, analyse de données, gestion administrative et expertise juridique.