Normalisation des soft skills : quel impact sur la formation ?
Gestion des compétences – soft skills – 16/01/2024
L’importance des compétences comportementales, pour l’individu comme pour l’organisation, ne fait aujourd’hui plus débat. Le dernier baromètre de Lefebvre Dalloz Compétences révèle la place qu’elles occupent dans la stratégie formation des entreprises. Des résultats qui permettent d’identifier des axes d’amélioration.
Qu’il s’agisse de s’adapter au changement ou de réussir le virage de l’intelligence artificielle, les soft skills deviennent des compétences clés à horizon 2027 – et sans doute au-delà. La quatrième édition de l’étude Future Of Jobs du Forum économique mondial vient de le confirmer, tout en livrant des données sur la perception des entreprises françaises. Dans notre pays, les compétences jugées les plus indispensables sont la résilience, la flexibilité et l’agilité. Vient ensuite la pensée analytique, à égalité avec les compétences numériques en IA et Big Data. Soit une place majeure accordée aux soft skills dans le portefeuille de savoir-être et de savoir-faire des collaborateurs.
« Pourtant, peu d’entreprises se sont vraiment dotées d’outils ou de méthodes rigoureuses pour évaluer les soft skills, nuance Adrien Nicolas, responsable des formations aux soft skills de Lefebvre Dalloz Compétences, dans l’édito du 4e baromètre réalisé par l’organisme de formation. Et beaucoup reculent encore devant la mise en place d’une vraie politique d’identification et de développement de ces compétences, ou le font de façon trop informelle. En raison d’un climat économique incertain, elles privilégient souvent l’investissement dans la formation métier. »
Une banalisation des soft skills aux yeux des responsables formation
Les compétences comportementales sont-elles considérées comme stratégiques dans la sphère professionnelle ? Les répondants – fonction RH et formation, direction générale – sont désormais moins de la moitié à le penser, que ce soit pour la performance de l’individu (- 8 points en deux ans) ou pour celle de l’entreprise (- 3 points). Un résultat global, qui cache en fait deux perceptions opposées : si la direction générale souscrit de plus en plus à cette vision, celle-ci est en forte baisse pour les fonctions RH et formation.
Pour les experts de Lefebvre Dalloz Compétences, elles ont intégré progressivement les soft skills dans la panoplie des compétences nécessaires. Une normalisation dans le monde du travail, sans doute renforcée par la fin d’un certain effet de mode.
Identification et développement : des pratiques d’entreprise contrastées
Du côté des bons élèves, les efforts en matière d’identification des soft skills sont de plus en plus marqués. En revanche, du côté de leur développement, les tensions économiques pourraient inciter les employeurs à limiter les dépenses. Ainsi, les restrictions budgétaires sont devenues le deuxième frein au développement des soft skills, alors qu’elles n’étaient qu’en quatrième position en 2023.
Le baromètre révèle par ailleurs que 43 % des organisations du panel ont formé aux compétences comportementales au cours des 12 derniers mois – en légère progression en un an. Plus d’une entreprise sur deux n’a donc pas encore intégré cette dimension dans son plan de développement des compétences. Ce chiffre varie en revanche fortement en fonction de la taille de sa taille. Ce sont les plus de 1 000 salariés qui déploient le plus d’actions de formation, avec une pointe à 64 % pour les 1 000 – 5 000. Les TPE et PME restent donc en retrait, contrairement aux grosses ETI.
Des modalités pédagogiques privilégiées dans la formation aux soft skills
Des modalités pédagogiques privilégiées dans la formation aux soft skills
Plus d’un répondant sur quatre privilégie les formations courtes pour développer des soft skills – une proportion encore modeste mais en net progression en deux ans, de 14 points. Plus largement, ce sont les ateliers entre pairs, le coaching et les événements ponctuels (webinaires, séminaires) qui restent les principaux outils de développement depuis trois ans.
Plusieurs ingrédients pédagogiques sont considérés comme contribuant le plus à l’efficience d’une formation aux compétences douces : le partage d’expérience entre pairs/apprenants et avec le formateur ; la mise en œuvre en situation de travail durant le parcours (en cas de formation étalée dans le temps), ou juste après ; et les interactions entre participants, ou entre participants et formateur.
Ces résultats vont dans le sens des recommandations des experts de Cegos : les soft skills s’acquièrent avec l’aide des autres, par la pratique, et au bon moment. Autant de pistes d’action pour les responsables formation, qui ont intérêt à appliquer ce conseil complémentaire de Guillaume Letzgus, directeur du pôle Formation de Lefebvre Dalloz, commente : « Les managers jouent un rôle essentiel que ce soit pour identifier, valoriser ou prioriser les compétences comportementales à acquérir. Cela passe ensuite par la formation, bien sûr, mais aussi par la création d’un environnement de travail propice à l’épanouissement et à l’expression de ces compétences spécifiques. Cette nécessité oblige à former les managers eux-mêmes au développement des soft skills de leur équipe. »
Jérôme Lesage
Le blog de la formation
Comment les fonctions RH et formation perçoivent-elles les soft skills ?
Contrairement aux directions générales, elles ne considèrent plus les compétences comportementales comme réellement stratégiques. D’après les experts de Lefebvre Dalloz Compétences, qui ont réalisé la dernière édition du baromètre des soft skills, cela traduit une certaine banalisation.
Sont-elles aujourd’hui mieux identifiées et développées ?
L’enquête révèle des efforts croissants pour mieux les identifier, mais alerte aussi sur le risque associé aux tensions économiques, qui pourraient limiter les budgets de formation aux softs skills. En 2023, plus de quatre entreprises sur dix ont formé des collaborateurs aux compétences comportementales.
Quels formats pédagogiques et modalités de formation sont les mieux adaptés ?
Les répondants privilégient de plus en plus les formations courtes comme modalités d’apprentissage. Plusieurs formats restent plébiscités : ateliers entre pairs, coaching et les événements ponctuels (webinaires, séminaires). Les managers doivent être formés pour mieux identifier, valoriser et développer les soft skills de leurs collaborateurs.