Gestion des compétences — GEPP – 12/03/2024
L’anticipation devient le maître mot des plans de développement des compétences. Elle appelle une vision prospective appuyée sur des éléments objectifs, tangibles, avec le concours de l’intelligence artificielle. Un appui technologique qui va de plus en plus s’imposer dans les prochaines années, comme l’illustre le dernier livre blanc de Place de la Formation.
Le constat est désormais bien connu, et partagé par la plupart des secteurs d’activité et des entreprises : pour conserver un avantage sur la concurrence et gagner en performance dans un monde en rapide mutation, il est crucial d’adapter fréquemment le portefeuille de hard et soft skills des collaborateurs. Cet enjeu, à la fois individuel et collectif, implique de mettre aujourd’hui l’accent sur les compétences comportementales, cognitives et sociales.
Il s’agit aussi d’intégrer l’intelligence artificielle dans la réflexion des responsables formation. Dans les 14 pays étudiés par l’OCDE entre 2019 et 2022, la demande de compétences liées à l’IA a progressé de plus de 30 %, couvrant de multiples activités professionnelles et de nombreux secteurs d’activité. Par exemple, dans le domaine financier et bancaire, l’IA va impacter la relation client, la cybersécurité ou encore les opérations business. D’après la Chaire européenne de l’Immatériel, de nombreuses compétences vont être transformées par l’intelligence artificielle – aussi bien technologiques que cognitives, relationnelles que sociétales, stratégiques qu’organisationnelles.
Mais la révolution de l’IA dans le champ de la formation continue ne se limite pas à la nature des compétences ; elle s’étend aussi au domaine de la conception pédagogique, pour faire évoluer les modalités de formation et concrétiser l’avènement de l’adaptive learning : soit des formats et contenus de formation customisés aux attentes, aux spécificités et aux besoins de chaque apprenant. L’IA intégrée aux plateformes de digital learning va gagner en capacité de personnalisation, en partant du niveau de connaissances et de compétences actuel, et en tenant compte des préférences pédagogiques, pour définir le parcours de développement le plus pertinent.
Un troisième champ d’utilisation de l’IA est plus stratégique pour l’entreprise. Une tendance mise en avant dans notre livre blanc est celle des organisations basées sur les compétences (skills-based organizations). Il s’agit d’un changement majeur de culture organisationnelle, qui donne la primauté aux hard et soft skills dans la gestion des ressources humaines. Par exemple, tel collaborateur dispose de telles compétences, qui peuvent être exploitées dans le cadre de projets transverses.
On constate ces dernières années l’émergence de différentes solutions digitales dédiées à cette culture apprenante à 360°. C’est par exemple le cas des outils de SWP (strategic workforce planning), qui permettent aux entreprises de mieux prédire les écarts en effectifs et en compétences, et d’aider les managers dans l’allocation des ressources humaines. L’IA révèle aussi sa pertinence pour objectiver et cartographier de manière dynamique les compétences des collaborateurs. Autant d’informations précieuses pour identifier des besoins de formation, de promotion ou de recrutement.
Pour Olivier Rohou, Chief Skills Officer de 360Learning, les outils de SWP vont de plus en plus réussir à simuler les métiers et les compétences de demain – « celles en perte de vitesse, celles en essor, celles qu’il faut conserver, celles qu’il faut intégrer ». Cet expert, interviewé pour le livre blanc, estime aussi qu’« il est indispensable d’acculturer les services formation à l’usage prospectif de l’IA dans la stratégie compétences. D’une posture d’assistant, la technologie embrasse aujourd’hui celle de l’analyste. L’exploitation de son plein potentiel est donc un enjeu à relever, avec à la clé des gains de temps, une très grande précision et de la pertinence, grâce à une data de qualité, bien sélectionnée, en phase avec les objectifs stratégiques et opérationnels de l’entreprise. »
Aussi puissantes soient-elles, la technologie et l’IA doivent rester au service d’une stratégie réfléchie et structurée, portée par les services formation. Une stratégie « compétences » qui doit être étroitement associée aux enjeux stratégiques et business de l’entreprise, faisant ainsi sens pour chaque manager et chaque collaborateur.
Jérôme Lesage
Le blog de la formation
En quoi l’intelligence artificielle transforme-t-elle les compétences des salariés ?
Depuis plusieurs années déjà, la demande de compétences liées à l’IA progresse en France. De nombreuses activités professionnelles sont concernées, et plusieurs secteurs sont en première ligne, comme la banque. Les compétences concernées sont de différentes natures : technologiques, cognitives, relationnelles, organisationnelles...
De quelle façon la pédagogie est-elle impactée ?
L’IA générative intéresse aujourd’hui les formateurs pour sa capacité à personnaliser le parcours de développement des compétences, en prenant en compte le niveau de compétences initial, celui qui est visé, et les préférences pédagogiques de l’apprenant. Soit la concrétisation des ambitions de l’adaptive learning.
Comment les responsables formation peuvent-ils tirer pleinement parti des promesses de l’IA ?
Sur un volet plus stratégique, l’intelligence artificielle va de plus en plus permettre de définir précisément les axes de SWP (strategic workforce planning), notamment pour établir le gap entre les compétences présentes dans l’entreprise et celles dont elle aura besoin à court et moyens termes. C’est donc une opportunité pour relever un défi majeur : anticiper les démarches d’upskilling et de reskilling.
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